J’adore passer des heures à dériver sur le web. Non pas enchaîner les clics à la recherche d'efficacité ou de but précis, mais errer, comme un flâneur numérique. Un marcheur curieux, animé par la même énergie que Guy Debord décrit dans son concept de psychogéographie [1].
La dérive, telle que théorisée par l’Internationale situationniste, invite à explorer la ville en se laissant guider par ses contours, ses ambiances, ses atmosphères. Sans carte. Sans objectif. Juste une invitation à la découverte.
J’applique cette même approche dans des villes comme Lyon, où je vis, ou partout où je voyage. Je marche pour le simple plaisir de marcher. Je lève les yeux vers les bâtiments, les trottoirs, les enseignes, les plantes qui percent les gouttières, les textures des murs, les passants. Je collectionne les détails ignoré, les petites merveilles urbaines inattendues.
En ligne, je fais pareil.
J'évite les autoroutes du web, Facebook, Instagram, X/twitter, Threads. Même les banlieues plus calmes comme Bluesky ne me retiennent pas longtemps. Je préfère les ruelles, les chemins de traverse, les sentiers scabreux : blogs personnels, projets expérimentaux, sites one-pager, wikis, jardins numériques obscurs.
Je flâne. Je dérive. Je mets en favori.
Comme un photographe de rue, j’ai aujourd’hui envie de donner forme à cette pratique : montrer ma collection, partager les souvenirs récoltés au fil de mes balades dans les paysages numériques.
Pour l’instant, j’utilise leaflet.pub pour rassembler et exposer ces trouvailles. C’est un outil parfait, léger, poétique à sa manière. Peut-être que je fabriquerai quelque chose de plus personnel un jour, mais pour l’instant, j’aime sa forme et sa philosophie.
Plus tard j'imagine écrire un petit guide de l’errance web : un manuel du psychogéographe pour explorer les réseaux denses et urbanisés d’Internet, et apprendre à voir ce qui se cache au-delà des flux algorithmiques.
Premier leaftlet : Indie spaces and tools
Notes
[1] https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Psychog%C3%A9ographie